Omar Khayyam

Publié le par PB

Beaucoup d'affirmations à l'emporte-pièce, de déclarations aussi sottes que définitives ont été faites lors des émeutes qui ont agité nos banlieues. Des condamnations de l'islam  prononcées, comme si l'islam était un bloc unique, comme si toute les civilisations de l'islam se résumaient à la violence et à l'intolérance. Il faut toujours se méfier des visions essentialistes de l'histoire. J'ai toujours été sceptique, par philosophie et par attitude. Je ne crois pas me départir de cette position avant longtemps.

Ce soir, je voulais relire quelques quatrains de Khayyam, poète, astronome et mathématicien perse du XIè siècle, c'est-à-dire du "moyen-âge", période que l'on aime à s'imaginer noire et mauvaise. Mais j'ai égaré mon exemplaire. Je crois l'avoir prêté, mais à qui ?

D'une traduction à l'autre, ces quatrains n'ont pas la même force, alors si ces quelques vers ne vous séduisent pas, n'arrêtez pas pour autant votre lecture, cherchez d'autres versions. Pour l'instant, je m'arrete, ce soir, aux premières que je trouve, sur l'internet. Ces vers nous disent que les questions que se posent les hommes reviennent souvent : il y a une proximité dans l'humanité par-delà les siècles et les cultures.

 

 

V.
Puisque tu ignores ce que te réserve demain, efforce-toi d'être heureux aujourd'hui. Prends une urne de vin, va t'asseoir au clair de lune, et bois, en te disant que la lune te cherchera peut-être vainement, demain.

VI.
Le Coran, ce Livre suprême, les hommes le lisent quelquefois, mais, qui s'en délecte chaque jour? Sur le bord de toutes les coupes pleines de vin est ciselée une secrète maxime de sagesse que nous sommes bien obligés de savourer.

XX.
Aussi rapides que l'eau du fleuve ou le vent du désert, nos jours s'enfuient. Deux jours, cependant, me laissent indifférent: celui qui est parti hier et celui qui arrivera demain.

XXVI.
Le vaste monde: un grain de poussière dans l'espace. Toute la science des hommes: des mots. Les peuples, les bêtes et les fleurs des sept climats: des ombres. Le résultat de ta méditation perpétuelle: rien.

XXX.
Mon coeur m'a dit: "Je veux savoir, je veux connaitre! Instruis-moi, Khayyâm, toi qui as tant travaillé!" J'ai prononcé la première lettre de l'alphabet, et mon cœur m'a dit: "Maintenant, je sais. Un est le premier chiffre du nombre qui ne finit pas...

XLIX.
Ce narcisse qui tremble au bord du ruisseau, ses racines sortent peut-être des lèvres décomposées d'une femme. Que tes pas effleurent légèrement le gazon! Dis-toi qu'il a germé dans les cendres de beaux visages qui avaient l'éclat des tulipes rouges.

XCV.
Je n'ai pas demandé de vivre. Je m'efforce d'accueillir sans étonnement et sans colère tout ce que la vie m'apporte. Je partirai sans avoir questionné personne sur mon étrange séjour sur cette terre.

Publié dans Littérature

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