La discothèque d'Albator

Publié le par PB

Hier soir, une amie m’appelle :
-Tu voudrais aller danser avec Aglaë(*) et moi ce soir ? On va en boîte !
-Euh….moui, p’tet’, faut voir !
En vérité, j’avais prévu de me morfondre dans mon coin en réfléchissant au sort de l’univers et de sa périphérie afin d’établir LA réponse à la si terrible question : pourquoi tant de haine dans un monde déjà si cruel ?
Quelques instants plus tard, je la rappelais pour l’avertir que je les rejoignais sur la route du Memphis, oh, sur la route du Memphis.
A vrai dire, j’avais quelques appréhensions sur mes capacités à entrer puisque j’avais la crinière sauvage d’Albator(**) et en plus, voila quelques temps que mon visage n’avait pas été effleuré par la lame d’un rasoir. Mais il faut croire que l’entrée n’est pas très sélective, ce qui est plutôt sympathique. Rien de pire qu’un cerbère renfrogné qui vous grogne « toi, tu rent’pô » et vous laisse ainsi seule, isolé, déçu, désespéré, dans le froid de la ville dure et grise à peine éclairée par une lune blafarde et morne qui cherche à consoler votre âme solitaire de loup blessé.
Le Memphis est une discothèque à la décoration surprenante. En fait, on dirait un bordel des années 1970 de la banlieue de Las Vegas. Enfin, c’est l’impression que ça m’a fait même si je fréquentais assez peu les bordels et encore moins ceux de la banlieue de Las Vegas avant ma première année de scolarité qui correspond à l’extrême fin des seventies. Le rouge à tendance cramoisi domine : moquette rouge tachetée de noir, lumières de table rouge, appliques rouges.
Les tables et le bar sont noirs, ainsi que les murs. Les longues et accueillantes banquettes sont en panthère. Face à certaines, et tout le long de la piste de danse, de grands miroirs reflètent le spectacle de la salle. D’ailleurs, beaucoup de Narcisse et Narcissette se complaisent à s’admirer se déhanchant devant le miroir. C’est comme un prélude à la masturbation, cette séduction de soi-même ! Quant à moi, je suis un danseur bien trop doué pour m’approcher des miroirs : mes mouvements affolants feraient rougir de plaisir et d’envie des miroirs admiratifs et jaloux, or, le rouge est déjà la couleur dominante, inutile d’en rajouter.
Mais le décor le plus surprenant est dans la salle du sous-sol. Pour l’atteindre, il faut descendre un escalier en colimaçon qui en lui-même est une invitation à la consommation modérée de l’alcool. La salle est en L : en entrant, on fait face à un deuxième bar, plus petit mais assez similaire à celui du haut. Mais à droite, le second segment du L se déploie. Et là, je comprends que mon look d’Albator fut comme un pass. Nous sommes dans la cave secrète de son vaisseau. En effet, la piste de danse est au centre d’un tunnel semi-circulaire qui évoque les salles des vaisseaux spatiaux avec leurs multiples caissons techniques et leurs hublots oblongs (en l’occurrence, des miroirs). Le DJ est au bout du tunnel, dans un cercle de feu qui évoque un réacteur et sa cabine est configurée comme un poste de pilotage. J’ai peu de connaissance sur les chantiers aérospatiaux des années 1970 dans la banlieue de Las Vegas, mais tout laisse penser que c’est à cette époque et dans ce lieu qu’Albator y a contruit son navire intersidéral. En effet, les banquettes sont là aussi en panthère synthétique ! Croyez-moi, voir des banquettes panthère dans un vaisseau spatial, c’est très très surprenant. C’est une invitation à la consommation modérée des hallucinogènes !
 
Bien que ma résolution du sort de l’Univers et de sa périphérie soit du coup retardée, j’ai passé une bonne soirée dans cette machine à traverser le temps et les mondes !
 
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* Le prénom a été modifié, mais je ne vois pas ce que ca change pour vous
** Son vrai nom, c'est Cap'tain Harlock.

Publié dans Ma vie hors du métro

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B
j'aime beaucoup !!!heu je veux dire ta façon de nous raconter tes aventures !!
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D
Et Sidonie était là elle aussi ?
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C
Y avait pas l'autre, là ? ...Comment y s'appelle ? ...... Ah oui, Gueule de Rock !
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